Salut à tous et bienvenue dans cette toute première édition de l’Encrier.
Si vous êtes là c’est que l’écriture est au centre de ce que vous faites. Qu’elle soit votre métier, votre moteur ou votre passion, merci de faire partie de l’aventure. ❤️
Sur internet, j’ai écrit sur un bon paquet de formats différents : des pages de vente aux posts LinkedIn en passant par les articles de blog, les scripts de webinaire et les séquences e-mails.
Mais mon plus grand kif a toujours été la rédaction de newsletters. Sur ce format je me sens libre d’aller où je veux, de créer mon propre univers.
Je ne fais pas que de les écrire, j’en lis beaucoup aussi. À force de fouiner sur internet, je suis tombé celle de Joe Pompliano : “Huddle Up”. C’est accessoirement la newsletter n°1 de la catégorie “sport” sur Substack - 120 000 abonnés, quand même.
En creusant encore un peu et j’ai découvert que Joe était à la base un sportif “raté”.
Alors je me suis demandé : “comment passe-t-on du banc de touche à la newsletter sportive la plus suivie sur Substack ?” Et puis j’ai décidé de vous écrire un peu là-dessus.
La composition de l’encre du jour :
🔵 Parler pendant des heures.
🟣 Devenir incopiable.
🔴 Faire de l’oseille.
Parler pendant des heures. 🔵
M. Pompliano est un sportif qui veut vivre de sa passion. Problème, il comprend assez vite qu’il n’aura jamais le niveau pour passer pro.
Le monde du sport lui claque la porte au nez, lui décide de passer par la fenêtre.
La fenêtre en question, c’est d’abord une carrière d’agent de sportifs. Il accompagne pendant plusieurs années des personnalités comme Stephen Curry et d’autres stars de la NBA à construire leur marque personnelle sur les réseaux sociaux.
Les années passent et Joe veut voir d’autres choses. Sa deuxième passion, c’est le business. Quoi de mieux qu’un boulot dans la finance à NYC pour s’épanouir ? Il rend le badge de l’agent de sportifs et part pour New York où il restera quelques années.
Je vous préviens, le mec ne tient pas en place.
Après avoir gravi les échelons, Joe commence à s’ennuyer et repense à son premier amour : le sport. Mais la finance lui fait toujours de l’œil et il n’arrive pas à se décider sur la carrière à suivre.
C’est après une discussion avec son frère, déjà créateur de contenu, qu’il a le déclic : créer du contenu sur le business dans le sport pour le partager au plus grand monde.
Il choisit le format écrit : sa newsletter Huddle Up est née, on est en juillet 2020.
Dans une interview, il raconte qu’en regardant en arrière, le choix du sujet est aujourd’hui assez logique. Sur le moment pourtant, c’est toujours difficile de déterminer son sujet de prédilection.
Joe a choisi d’écrire sur ses deux passions. C’est une option mais bien souvent on n’a aucune idée de ce qui nous passionne profondément. “Passion” : ce mot est déjà trop fort, trop engageant pour faire un choix.
Ce qu’il faut regarder plutôt, ce sont les sujets sur lesquels vous êtes capables de parler des heures sans boire un verre d’eau. Je vous parle de ces sujets qui vous feraient connecter naturellement avec n’importe quel inconnu.
Il y a une différence les sujets qu’on aime et ceux sur quoi on a des choses à dire. Pour écrire du contenu sur internet, c’est sur les deuxièmes qu’il faut se concentrer.
Joe avait d’ailleurs un avis très à lui sur le sport business, et c’est ce qui a rendu sa newsletter unique.
Devenir incopiable. 🟣
Les contenus clonés pullulent sur internet et même si en apparence c’est une mauvaise nouvelle, je crois qu’au fond c’en est une très bonne. Ça signifie, au moins, que de plus en plus de gens prennent la parole.
Maintenant, il faut que chacun trouve sa patte, son angle et ses prises de position. La création de contenu appartient à ceux qui bâtissent leur propre univers et vous invitent à le visiter.
Pour Joe Pompliano, son univers c’est le sport business, mais jusqu’ici rien d’original. Son avantage - et ce pourquoi autant de gens le lisent - tient en 3 petits points :
1/ Prendre des sujets pas ou peu traités
Joe raconte dans un podcast qu’avant de s’attaquer à un nouveau sujet, il le tape dans la barre de recherche Google. S’il donne trop de résultats, c’est que le sujet est déjà trop traité. Auquel cas, c’est no way pour Joe.
Alors comment mettre le doigt sur des sujets encore peu traités mais tout de même intéressants ? Son astuce : chercher à répondre aux questions improbables qu’on se pose tous quand on regarde du sport. 💡
Exemple avec le Grand Prix de Monaco en F1.
N’importe quel article classique sur le sport business parlerait du montant des recettes générées par l’événement, des primes des coureurs ou du prix des bolides. Joe parlera plutôt du prix moyen des bouteilles de champ’ débouchées sur les podiums, du montant des redevances que les organisateurs devront verser à la principauté de Monaco, mais aussi du modèle économique des sociétés qui fournissent les pneus des F1 etc.
Vous avez l’idée, il part dans les détails les plus absurdes et c’est ce qui rend son contenu si unique. C’est d’ailleurs ce qui nous emmène au second point.
2/ Faire l’effort que personne ne veut faire.
Qui ira chercher autant dans le détail ? Qui aura autant de temps et d’énergie pour le faire ? Lui, c’est son quotidien depuis tout petit. D’abord pour sa propre curiosité, ensuite pour nourrir ses textes.
Il faut comprendre qu’il existe plusieurs styles de newsletters. Chacune d’elles se positionne quelque part sur une seule et même ligne.
Newsletters d’Inspiration : on vous lit pour ce que vous nous faites ressentir. Pour votre style, pour qui vous êtes, pour votre storytelling et pour vos idées.
Newsletters de curation : on vous lit pour ce que vous nous apprenez. Pour le temps que vous nous faites gagner, pour toute l’information que vous nous apportez.
Huddle Up est une newsletter qui tire sur la droite avec un système de veille et de curation. C’est-à-dire qu’on la lit d’abord parce qu’elle nous offre sur un plateau une quantité impressionnante d’informations condensées en 5 minutes de lecture, 3 fois par semaine.
Si vous avez l’œil affûté, vous observerez que Joe n’a pas choisi de se différencier uniquement par une stratégie de curation. Si quelqu’un d’autre tenait la plume d’Huddle Up, elle compterait probablement moins de lecteurs réguliers.
3/ Parler vrai.
Enfin, last but not least, personnaliser ses textes sans faire de chichi. Joe ne cache pas sa personnalité dans ses textes alors que c’est justement le piège avec les newsletters trop informatives.
Lui a pris le parti de ne jamais être neutre. À l’époque des premières éditions de sa newsletter, il résumait simplement plusieurs articles sur un sujet mais ajoutait toujours ce qu’il en pensait personnellement.
Les gens sont venus pour les infos, ils sont restés pour Joe.
Et je crois qu’il est justement là, l’élément le plus important dans l’écriture sur internet. Peu importent les sujets qu’on décide de traiter, il faut toujours les saupoudrer de sa petite touche perso.
Au fond, il n’y a que ça qui est complètement incopiable.
Récapitulons : À ce stade on sait que Joe a créé une newsletter qui cartonne parce qu’il a choisi un sujet naturellement inépuisable pour lui et qu’il s’est débrouillé pour rendre ses textes uniques.
Mais tenir 3 publications par semaine prend un temps colossal. Et puis, soyons honnêtes, écrire pour écrire ne remplit pas le frigo.
Faire de l’oseille. 🔴
Vous vous rappelez de son travail dans les finances à New York ? Il l’a cumulé avec la réaction de sa newsletter pendant plusieurs mois. Sauf qu’à l’époque il publiait quotidiennement.
Évidemment, ce n’était pas tenable et Joe le savait. À cette période, Joe n’est suivi que par une maigre poignée d’abonnées, mais il est convaincu du potentiel de ses textes. Alors il se met à contacter plusieurs entreprises dans le domaine du sport susceptibles de sponsoriser sa newsletter.
Et il leur envoie à toutes ce même message (traduit de l’anglais par votre serviteur) :
“Salut, je cherche un sponsor exclusif qui serait capable de me payer assez pour que je puisse quitter mon travail actuel et me concentrer à temps plein sur ma newsletter. Je ne veux pas qu’on parte sur un contrat mensuel classique, j’aimerais que vous vous engagiez au minimum sur 6 mois avec moi. Comme ça, je sais que j’ai une garantie pour 6 mois et je peux vraiment construire ce projet à fond”.
N’oubliez pas qu’on est aux “States”, pas sûr qu’en France un premier contact aussi confiant passe mais écoutez, c’est passé. Après plusieurs échanges et négociations, il finit enfin par trouver son sponsor exclusif : Athletic Brewing.
Aujourd’hui, Joe a ouvert sa stratégie de sponsoring à d’autres marques et leur propose une visibilité sur ses propres réseaux sociaux en plus de sa newsletter. Il parle d’un chiffre d’affaires à 6 chiffres générés grâce au sponsoring.
Il avoue tout de même travailler plus qu’à l’époque où il était dans les finances mais ne changerait pour rien au monde le métier qu’il a lui-même créé.
Ce que je trouve fou avec cette histoire, c’est qu’il n’avait aucune idée de la réussite potentielle de son projet. Il a tout misé sur sa capacité à produire sur la durée du contenu de grande qualité sur un sujet qui le fait vibrer.
Du panache, du cran et beaucoup d’idées, voilà ce qu’il aura fallu à Joe Pompliano pour construire la réussite de Huddle Up.
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Salut ! Merci pour ce contenu très instructif ! Est-ce que tu peux nous en dire plus, peut-être dans une prochaine édition, sur les objectifs que peut permettre d'atteindre une newsletter d'inspi ou de curation?
Your biggest fan, Noréa :)
Bonjour,
Merci pour l'exemple, très instructif pour qui s'apprête à lancer la sienne et qui réfléchi à sa ligne éditorial 👍