La newsletter des belles-doches. 💃
N° 24 - À quoi sert (vraiment) une communauté ? Ask Anaïs Richardin.
Vous lisez l’Encrier — le média qui analyse les stratégies des meilleures newsletters pour vous aider à développer la vôtre. Un lundi sur deux (with love). ❤️
J’ai grandi dans une famille recomposée, et j’ai compris un peu tard l’ampleur du sujet.
Lorsque mes parents se sont rencontrés, mon père avait déjà deux enfants, ma mère un seul. Ils se sont mariés et je suis arrivé quelques années plus tard, comme un cheveu sur la soupe.
J’étais le trait d’union de la nouvelle famille qu’ils avaient rassemblée.
Pour moi, il n’y avait aucune différence entre la mienne et celle de mes amis. Des grands frères et sœurs aimants avec qui j’ai passé toute mon enfance, une famille heureuse qui partait en vacances dans un Renault Ulysse blindé à n’en plus pouvoir bouger. Des rires, des conneries de gosses, une éducation saine, jamais d’embrouille — la protection du petit dernier ?
En grandissant, j’ai compris les déchirures qu’enfouissent généralement les membres d’une famille recomposée. La douleur des enfants à qui on a “imposé” un beau-parent, les gardes alternées, les trajets toutes les semaines, les double Noëls. Mais surtout : les mamans qui deviennent subitement belles-mères et qui doivent apprendre ce nouveau rôle sur le tas.
Pourquoi je vous parle de ça ?
Parce que je me suis récemment rendu compte de ce rôle difficile qu’a dû tenir ma mère. Et de la solitude extrême face à toutes ses questions, sujet trop tabou pour en parler à d’autres à l’époque.
J’ai découvert par hasard la newsletter “Belle-Doche” créée par Anaïs Richardin, elle-même devenue belle-maman sans trop l’avoir commandé. Son idée : créer un média pour déculpabiliser les émotions que ressentent toutes les belles-mamans. Et je trouve ça absolument génial.
Ma grande question : “ Pourquoi partir de sa propre histoire est notre meilleur point de départ pour créer quelque chose qui résonne chez les autres ?”
Ce sera tout le sujet de ce 24ᵉ numéro de l’Encrier. Numéro qui, vous l’aurez compris, me touche un peu plus que les autres. 😉
Bonne lecture,
Mathis.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, saviez-vous que vous pouvez :
Prendre une 1h avec moi pour débloquer une situation liée à votre newsletter.
Rendre visible vos projets auprès d’une audience nichée en sponsorisant l’Encrier.
Demander un audit personnalisé pour votre newsletter de marque (en répondant à ce mail).
Zoom sur une newsletter qui vaut le détour et ce qu’on peut en retirer.
1. Partir de son histoire
Anaïs Richardin — créatrice de la newsletter Belle-Doche, donc — fait tout un tas de métier très cools : elle est autrice, scénariste, consultante en stratégie éditoriale, hôte d’un podcast, organisatrice de retraite d’écriture. De la tarte comparée à sa dernière casquette : belle-mère.
La vie fait qu’il y a quelques années, Anaïs rencontre Julien — qui deviendra son amoureux — déjà papa d’un fils de 13 ans et demi. La relation avance, ils emménagent ensemble et petit à petit, Anaïs devient alors belle-mère. Comme beaucoup de femmes, elle n’a pas choisi ce nouveau rôle qui lui est un peu tombé dessus.
À ce stade, beaucoup de questions se bousculent :
Comment participer à l’éducation d’un enfant qui n’est pas le nôtre ? Comment trouver sa place ? Comment ne pas empiéter sur une relation ? Comment ne pas s’oublier ? Comment vivre avec l’ex-femme de son mec, toujours dans les parages ?
Comme ma mère il y a 30 ans, Anaïs n’a trouvé aucune réponse à ses questions. Et pour cause, les figures positives des belles-mères n’existent pas dans la culture collective. Résultats, très peu de ressources ont été créées pour guider celles qui le deviennent du jour au lendemain.
C’est en partant de ce constat qu’Anaïs décide de créer “Belle-Doche”, une newsletter de témoignage de belles-mères. L’idée est double :
1/ Dédramatiser, aider et déculpabiliser les belles-mères qui pourraient ressentir des émotions qu’elles ne comprennent pas toujours.
2/ Donner la parole aux belles-mères pour balayer d’un joli revers tous les clichés qu’on a sur elles. Et au passage, changer la vision collective.
Anaïs commence chaque édition par un édito sur sa propre belle-maternité. Ce que j’apprécie beaucoup, et qui doit certainement plaire à ses lectrices, c’est son approche d’exploratrice. Elle ne se positionne jamais comme experte. Elle est dans le même bateau que son audience, elle découvre, réagit, apprend. Et ça résonne chez les autres.
2. À quoi ça sert (vraiment) une communauté ?
Plus j’y réfléchis, plus je me dis que s’il n’y a pas eu beaucoup de ressources sur le sujet, c’est aussi parce que c’est un domaine affreusement complexe. Il y a presque autant de belles-doches sur cette terre que de manière de “réussir” sa belle-maternité.
Anaïs peut donc creuser le sujet autant que possible, elle n’arrivera jamais, seule, à couvrir son ensemble. Et sa propre expérience ne suffit pas à ce que toutes ses lectrices se reconnaissent.
C’est là que son format de témoignages prend tout son sens.
Inviter d’autres belles-mères à prendre la parole sur sa newsletter permet de faire jouer l’intelligence collective. On apprend des erreurs et des réussites des autres pour avancer plus vite et progresser ensemble. Anaïs pose les bonnes questions pour mettre tous ces apprentissages en lumière.
C’est d’ailleurs un format réutilisable dans tous les domaines complexes, tabous ou encore trop peu documentés. Plutôt que d’aller chercher l’information chez des experts, on va la chercher chez des pairs qui ont vécu ce qu’on s’apprête à vivre. Un peu comme une communauté d’entraide.
Résultat, ma mère aurait pu — grâce à Belle-Doche — se sentir moins seule, avoir des réponses à ses questions et pourquoi pas en aider d’autres à éviter les obstacles qu’elle a elle-même rencontrés.
3. Devenir un porte-étendard
Partir de son histoire aide à “écrire vrai” et à faire résonner son message chez les autres. Si on sort la casquette du marketeux, on peut même dire qu’Anaïs est sa propre lectrice-cible. C’est, je trouve, une excellente manière d’aborder la création de contenu. Son audience est ensuite devenue une véritable communauté lorsqu’Anaïs a décidé d’organiser sa newsletter au format interviews.
Par ces deux axes, Belle-Doche est devenue une référence dans le domaine.
Mais il y a une autre raison qui fait que les lectrices suivent les contenus d’Anaïs : elle est devenue un porte-étendard. Notamment par l’univers de projets qu’elle est en train de créer autour de la mission qu’elle défend.
Elle ne compte pas s’arrêter à Belle-Doche pour redorer le blason des belle-daronnes.
Anaïs multiplie aussi les apparitions dans d’autres médias suivis par ses lectrices-cible. Notamment les podcasts Histoire de Daronnes, The Cool Step Family, Ma belle-mère bien aimée. Des articles sur des médias comme Le Un Hebdo, ELLE, ou des éditions de newsletters invitées comme sur Plan Cash. Ou même encore des magazines prints comme Les Maternelles.
Bref, question média, elle est sur tous les fronts. Sauf que pour défendre une mission, il faut créer ce qui n’existe pas encore.
Anaïs a alors mis sur pied des groupes WhatsApp plus intimistes pour partager ses expériences entre belles-mères. Elle travaille aussi sur un projet de livre et, tenez-vous bien, sur une série qui suivra la vie de plusieurs belle-daronnes à qui il arriverait tout un tas de péripéties.
Bref, la vision de Belle-Doche a dépassé le simple format newsletter. Et c’est ce que j’aime avec celles et ceux qui se battent pour faire bouger les lignes. Ils n’hésitent jamais à se lancer dans des projets plus grands qu’eux.
De l’inspiration à la louche — les trucs cools récemment publiés sur la toile.
1️⃣
m’a fait l’honneur de m’inviter au micro de son podcast pour parler de mon point de vue sur l’avenir des newsletters. À écouter en faisant une (sacrée) séance de vaisselle ou un bon footing.2️⃣
a signé un superbe texte sur les jobs du futur. Elle nous parle d’Out Skills, de l’avenir des métiers passions, de la confrontation entre métiers technologiques et ceux qui portent un supplément d’âme. Il y a beaucoup de chances pour que ces mots concernent à peu près tout le monde ici.3️⃣ Enfin, la question qui tue : “qu’est-ce que la philo antique peut nous apprendre sur la gestion de nos finances modernes ?” Les équipes de Virgil y répondent avec beaucoup d’humour dans la dernière édition de Spoune. Toujours aussi quali.
Votre droit de vote pour la suite de l’Encrier.
🍃 1. [Story] L’histoire de la croissance exponentielle de Vert, le média n°1 sur l’écologie.
🌊 2. [Stratégie] Un média, quatre newsletters. La vision globale des Glorieuses, le média de la révolution féministe 2.0.
🚂 3. [Défi] Réinventer la newsletter de SNCF Connect - Correspondances.
C’est déjà la fin de ce numéro.
Avant de partir, vous pouvez m’aider à propager l’Encrier, ça m’aide énormément. Un clic pour vous, un joli coup de pouce pour moi.
Un immense merci à celles et ceux qui mettent déjà leur pierre à l’édifice, you rock ! 🙏
PS : Et si vous souhaitez passer votre newsletter un cran au-dessus, vous pouvez aussi prendre un coaching avec moi ici.
Merci de m’avoir lu jusqu’ici, on se donne rendez-vous pour le prochain numéro dans 15 jours. D’ici là, prenez bien soin de vous !
Mathis 👋
Une newsletter dans l'air du temps sur un sujet dans l'air du temps.
Merci Mathis !
Merci pour cette vision très instructive ! Quel est ton point de vue sur le partage de sa vie privée quand on crée du contenu? Quelle est la bonne limite entre "partir de son vécu" et "étaler sa vie privée en public"?