Le Plongeoir, un jeu d’attention. 🎲
N°15 - Garder l’attention de 17K lecteurs avec des éditions à 8000 mots.
Vous lisez l’Encrier - le média qui explore le petit monde de la Newsletter Economy. S’inspirer des pionniers.ères d’aujourd’hui pour mieux créer demain. Un lundi sur deux dans vos boîtes mail, with love. ❤️
“L’entrepreneuriat collectif est le meilleur moyen de faire basculer le monde.”
C’est la phrase que Guillaume Fourdinier a écrite sur son profil LinkedIn. C’est aussi la vision de tout ce qu’il cherche à bâtir avec sa newsletter Le Plongeoir.
Après son aventure en tant que cofondateur chez Agricool et un épisode - logique - de réflexion sur la suite, il comprend que l’entrepreneuriat cool dans ses veines. Alors il étudie en profondeur plusieurs secteurs qu’il affectionne particulièrement : les matériaux, l’agriculture, les algues, le nautisme.
Pour en apprendre davantage, il part à la rencontre des professionnels qui font ces secteurs. Malheureusement, il rentre bredouille et ne trouve pas l’idée de boîte sur laquelle il se voit plancher pour les 20 prochaines années.
Mais le travail qu’il a réalisé reste colossal, ce serait du gâchis de ne le garder que pour lui. Il fallait le partager à d’autres qui y trouveraient des ressources utiles pour passer à l’action.
C’est à ce moment que Guillaume décide de créer une newsletter.
On est en septembre 2023, le Plongeoir est né. La mayonnaise prend et 9 mois plus tard, ce sont plus de 17 000 lecteurs qui plongent avec lui, chaque semaine, dans l’analyse détaillée d’un nouveau secteur d’activité.
J’ai rarement lu une newsletter aussi poussée que celle de Guillaume. Chaque édition fait en moyenne 8000 mots et dépasse souvent la taille maximale autorisée par Substack.
Dans une époque où tout le monde s’alarme sur notre faible durée d’attention, comment se fait-il qu’autant de personnes lisent une newsletter aussi longue chaque semaine ?
Ce paradoxe sera le sujet de ce 15ème numéro de l’Encrier.
Bonne lecture,
Mathis
Zoom sur une newsletter qui vaut le détour et ce qu’on peut en retirer.
Sueur & Vision
La mission de Guillaume est très claire : construire un futur plus cool.
Par extension, vulgariser les enjeux des secteurs qui rendront nos futurs meilleurs à tout niveau et ce, sans les simplifier. J’insiste sur ce dernier point. En lisant le Plongeoir on comprend vite que Guillaume prend très au sérieux ses lecteurs. Certains sujets sont si complexes qu’on ne peut pas simplement y barboter à la surface.
Il faut y plonger.
Mais pour construire un futur plus cool, au-delà de s’informer, il faut surtout passer à l’action. Pour Guillaume, il est hors de question de rester un média spectateur. Très concrètement, les lecteurs du Plongeoir reçoivent une fois par semaine une étude de marché poussée d’un secteur, découpée en une structure qu’on retrouve à chaque fois :
Constat 🧐
Sujet 🤓
Inspi 😏
Défis 🤔
Chaque édition est rédigée pour que les plus ambitieux aient toutes les cartes en mains pour comprendre le secteur, les enjeux, les failles, les opportunités - et lancer leur boîte. Guillaume fait le travail colossal de l’analyste, celui auquel très peu d’entrepreneurs se frottent. Il en a fait un atout naturel et avoue même passer près de 30h pour créer 15 min de newsletter.
Je connais très peu de créateurs qui prennent autant au sérieux leur contenu. Si sa newsletter devenait payante, je trouverais d’ailleurs ça largement justifié.
Confort de lecture
On l’a dit plus haut, le niveau d’attention a drastiquement chuté en France et dans la plupart des pays occidentaux. La faute aux réseaux sociaux et à l’explosion des contenus courts. Certaines éditions du Plongeoir font tirer jusqu’aux 8 000 mots quand la taille moyenne oscille entre 1 000 et 2 000 mots.
Les réseaux ont fait de nous des fainéants de la consommation de contenu. On préfère souvent la vidéo au texte, les “bullet points” aux paragraphes, le “droit au but” au développement. Pourtant, malgré la longueur de ses éditions, Guillaume réuni quand même 17 000 lecteurs fidèles chaque semaine, comment fait-il ?
Comme à son habitude, il a pris le temps d’analyser son marché.
Il sait que le niveau d’attention est faible. Il sait aussi que si ses éditions apportent beaucoup de valeur, les gens dans sa cible liront jusqu’au bout. Mais il n’est pas naïf et sait qu’il y a un risque élevé que la majorité des lecteurs décrochent à un moment donné.
Alors il joue sur plusieurs leviers :
Le choix du temps de lectures :
Pour les plus pressés, il propose un résumé de son édition en 1 seule minute de lecture. Si vous avez le temps, et si ça vous a donné l’eau à la bouche, il y a la version longue de 15 minutes.
C’est malin sur le fond parce que ce résumé permet de teaser la suite. Malin aussi sur la forme parce qu’il en profite parfois pour faire des vannes :
“Si tu attends que ton boss arrive au bureau (1 min)”
“Si ton boss a décidé de rester en télétravail (15 min)”
Il utilise beaucoup de titres du genre, mais toujours en illustrant des situations qu’on rencontre en entreprise. Son audience cible étant pour la plupart des pros à la recherche d’une boîte à lancer, beaucoup sont encore salariés. Subtile.
Les audios d’experts.
Dans chaque édition, Guillaume fait intervenir des experts du secteur qu’il traite. Pour ne pas rallonger encore davantage le texte, il intègre directement des enregistrements vocaux de ces mêmes experts. Très facile à faire sur Substack, cette astuce permet de casser le rythme et d’apporter plus de proximité avec les lecteurs.
Un style léger et direct.
Enfin, et c’est le risque avec les contenus longs, Guillaume ne s’étale pas. Il a un style frais, oral et direct avec des phrases souvent assez courtes. On ne se perd pas dans du langage technique et du jargon immangeable. Bref, il vulgarise sans pour autant simplifier.
Impacter le réel
Le mois dernier, je vois passer un post de Guillaume dans mon feed LinkedIn, avec cette accroche : “ Un abonné vient de lancer sa boîte à impact grâce au Plongeoir ! 🎉”
Dans ce post, il détaille tout le cheminement de son abonné et explique comment sa newsletter l’a aidé à faire le grand saut. Ce que je trouve encore plus touchant dans cette histoire, c’est le fait que Guillaume commençait à douter de l’impact du Plongeoir. Il écrivait :
“Ça fait 7 mois que j’écris. Que j’ai la tête dans le guidon. […] J’avais oublié que de l’autre côté, il pouvait y avoir des entrepreneurs comme Julien qui prennent les sujets à bras-le-corps pour créer des choses. Et ça y est, mon impact est tangible. Le Plongeoir est utile. Quel bonheur ! 😃”
Pour aller plus loin et sortir ses lecteurs de la solitude de l’entrepreneuriat, Le Plongeoir donne aussi accès à un Discord de 800 membres actifs, des événements physiques et de la mise en relation pour trouver son futur associé.
On se demande tous si nos contenus ont du sens, s’ils impactent réellement les gens. Une chose est sûre : 100% des créateurs doutent. On écrit seuls dans notre coin sans savoir comment seront reçus nos textes.
Le Plongeoir prouve que les bons messages peuvent changer des trajectoires.
De l’inspiration à la louche - les trucs cools récemment publiés sur la toile.
📝
parle de la montée du journaling digital, tout ce que ça pourrait entraîner de cool (et de beaucoup moins cool) sur son passage.☎️ Ann Friedman propose aux abonnés payants de sa newsletter une boîte vocale avec un numéro dédié. Vous appelez pour entendre l’audio exclusif et au passage, vous pouvez même lui laisser un message. J’ai trouvé l’idée très smart.
⚙️
décortique la stratégie de pour passer de freelance à solopreneur. J’adore le travail d’Axel, si le sujet vous intéresse, sa newsletter Soloquest vaut largement le détour.Ici, soyons honnêtes, je vous raconte un peu ma vie.
Le mois dernier, dans le numéro 12 de l’Encrier, je vous racontais l’histoire de Spoune, la newsletter iconique de l’entreprise Virgil.
À chaque fois que je rédige une édition, j’analyse une newsletter et des choix stratégiques. J’ai toujours un petit doute avant de publier. Je me demande comment vont le prendre les premiers concernés.
En l’occurrence, très bien !
L’équipe de Spoune m’a envoyé un mail une semaine après ma publication pour me remercier chaleureusement de la part de toute l’équipe, mais aussi pour m’inviter à déjeuner et me rencontrer. Je n’ai pas hésité plus de 30 secondes, l’occasion était trop belle.
C’est dans un bistrot parisien que j’ai rencontré le Rédacteur en Chef et la Head of Distribution de cette fameuse newsletter. Ils m’ont même fait visiter leurs locaux. Bref, ils sont à l’image de ce qu’ils dégagent dans leur contenu.
Sur le chemin du retour, je me suis dit que ça coupait bien avec l’idée de Guillaume et le Plongeoir. On écrit seul dans son coin, sans jamais savoir si nos textes ont de l’impact, jusqu’à recevoir un merci sincère - ou une invit’ à un dej’.
Merci d’avoir lu ce numéro
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Bravo pour ton travail d’analyses. Toutes les newsletter analysant le business de la newsletter que j’ai lues sont très orientées business et pas trop contenu. C’est intéressant que tu fasses autre chose. Cela correspond bien à l’esprit de Substack.
Je ne connaissais pas Le Plongeoir, ce que tu en dis me fait penser à Wait But Why, dont l’auteur a la même approche en profondeur.
C’est une démarche que j’ai souvent vu dans les newsletter Substack. Je pense notamment à Baigan (Chine) ou L’éclaireur des Alpes (France) qui ont aussi cette approche. Les articles de Free Press ont aussi ce parti pris. Il est possible que Substack attire une catégorie de lecteurs qui aiment les contenus longs.
Il arrive que mes newsletters dépassent les 4000 mots et si quelques lecteurs me le reprochent, j’ai le plus souvent de bons feedbacks sur ces grands formats.
Oh merci Mathis pour la mise en avant de mon travail 🙏🏻
Ça fait toujours ultra plaisir quand on nous tag comme ça sans prévenir, franchement trop cool 🥹